La réunion rassemble des participants des Ecoles de Bulgarie, de Croatie, de Roumanie et de l’Ecole de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne et République slovaque).
Le modérateur, M. André-Jacques Dodin, chef de la Division de la coopération intergouvernementale et de l’Accord partiel sur la mobilité des jeunes par la Carte Jeunes, Direction générale de la démocratie, ouvre la réunion en proposant une définition du thème dont font usage les Organisations internationales, dont le Conseil de l'Europe. En général, le « discours de haine » est qualifié de communication qui n’a d’autre objectif que d’exprimer la haine à l’égard de certains groupes, notamment dans les cas où la communication risque d’engendrer la violence. C’est une incitation à la haine principalement contre un groupe de personnes défini en termes de race, d’appartenance ethnique, d’origine nationale, de genre, de religion, d’orientation sexuelle etc. Le discours de haine peut être toute forme d’expression considérée comme offensante pour des groupes raciaux, ethniques ou religieux, d’autres minorités distinctes ou encore des femmes (traduction libre).
La récente Campagne du Conseil de l'Europe contre le discours de haine en ligne a sensibilisé l’opinion à ce problème. L’organisme de surveillance du Conseil de l'Europe, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance – ECRI, joue un rôle clé dans le suivi des problèmes de racisme et de xénophobie dans toute l’Europe.
Au cours de la discussion qui s’ensuit, les participants reconnaissent que le discours de haine n’est pas un phénomène nouveau ; même du temps des Romains, le discours de haine servait à accuser et à fustiger les minorités. Plusieurs participants font observer que le discours de haine était souvent suscité par des stéréotypes culturels fondé sur l’émotion plutôt que sur des faits ou une pensée rationnelle. Des cas isolés de minorités qui ne semblent pas vouloir s’intégrer dans la société ou se soumettre à ses règles et coutumes sont volontiers généralisés. La peur de l’inconnu peut être le moteur du discours de haine lorsqu’un pays se replie sur lui même. Les crises économiques et l’insécurité alimentent la peur qu’inspirent ceux qui ne sont pas originaires du même territoire. Les responsables politiques peuvent jouer un rôle déterminant dans l’exacerbation des sentiments de peur et d’insécurité.
La récente crise économique a provoqué une multiplication et une pseudo justification des discours de haine et des manifestations d’intolérance à l’égard des minorités. Plusieurs participants roumains ont fait état d’un manque de crédibilité des institutions aux yeux des citoyens qui s’en défient et souligné que la classe politique ne réagissait pas comme il le faudrait ; en conséquence, les discours de haine continuent de se développer.
Certains pays, et particulièrement ceux qui abritent des minorités ethniques, sont souvent confrontés au discours de haine et au populisme qui sont parfois le fait de partis politiques. C’est ainsi qu’en Bulgarie, par exemple, le discours de haine est souvent employé par des responsables politiques faibles, ce qui donne aux tenants du discours de haine une raison supplémentaire de l’employer contre les immigrés, notamment les réfugiés syriens. Le discours de haine n’a jamais été réglementé en Bulgarie et ne le sera probablement pas dans un proche avenir.
Certains participants font remarquer qu’en Hongrie, le discours de haine et l’hostilité à l’égard des immigrés avaient toujours existé mais que ces phénomènes ont pris une ampleur accrue depuis le début de la crise économique où les idées populistes des partis extrémistes ont renforcé les comportements racistes. La « liberté d’expression », telle qu’on la connaît dans les pays d’Europe occidentale, est détournée en Hongrie pour fournir une « base juridique » sur laquelle promouvoir et non pas combattre le discours de haine.
La plupart des Etats disposent de l’arsenal juridique nécessaire pour combattre les discours de haine, y compris sur l’internet, mais bien souvent, ils ne s’en servent pas assez activement et les minorités, quant à elles, n’ont pas toujours la possibilité d’intervenir et d’utiliser cet arsenal. L’exclusion des Etats membres qui n’appliquent pas leur propre arsenal juridique contre le racisme et le discours de haine (comme l’a proposée un participant d’un groupe minoritaire) ne serait, cependant, pas une bonne solution car, dans ce cas, le Conseil de l'Europe perdrait tout moyen de pression sur ces pays.
L’éducation et l’école (y compris les Ecoles d’études politiques) peuvent jouer un rôle majeur dans la lutte contre le racisme et le discours de haine ; le Conseil de l'Europe vise précisément à promouvoir les valeurs européennes dans le domaine de l’éducation.
Source : http://carm.org/hate-speech