Propos recueillis par Noémie Schoen, 2 mai 2011
Crédit photo : DNA - J.-C. Dorn
A l’occasion du lancement du Forum de l’Eurodistrict le 5 mai 2011, Nawel Rafik-Elmrini, adjointe au maire de Strasbourg, chargée des relations internationales et européennes, revient sur l’expertise de l’Eurodistrict et l’importance de l’échange de bonnes pratiques en matière de démocratie locale. Ce forum rejoint l’Association des écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe en tant que première école d’Europe de l’ouest du réseau.
Ce Forum de l’Eurodistrict contribue à développer Strasbourg comme pôle d’expertise de la démocratie locale. Quelle a été la démarche du projet de cette nouvelle école ?
C'est une proposition qui nous a été faite par François Friederich et l'Association des Ecoles d'études politiques du Conseil de l'Europe, suite à une demande des seize autres écoles qui existent déjà et qui souhaitaient pouvoir échanger avec leurs homologues d'Europe de l'ouest, qui ont une autre vision de la démocratie et de la coopération transfrontalière. Il est en effet extrêmement intéressant de pouvoir croiser les expériences. Bien évidemment, nous avons été tout de suite séduits. Premièrement, c'était un moyen d'intégrer le Conseil de l’Europe dans le cadre de l'Eurodistrict qui est un territoire transfrontalier particulier, ayant pour vocation à renforcer le statut européen de la ville de Strasbourg. Dans un deuxième temps, l’idée du projet était de rassembler les fonctionnaires, les acteurs économiques et les médias dans le cadre de séminaires. L'Eurodistrict existe depuis 2003 et a prit un mouvement d'accélération depuis 2008. Malgré cela, il faut se rendre à une certaine évidence : au-delà du territoire purement transfrontalier et plus on s'approche de la Forêt Noire, moins l'Eurodistrict est connu. Il y avait donc un réel problème de communication et « d'acculturation » à l'Eurodistrict. Nous avons donc convenus que grâce à cette école, nous pourrrions se faire rencontrer des élus des petites communes du fin fond de la Forêt Noire avec ceux de Kehl, de Strasbourg ou encore d'Offenburg, afin de pouvoir échanger sur leurs besoins et de déterminer ensemble les mesures concrètes à entreprendre.
Cela permettait ainsi aux élus de tout le territoire - et pas uniquement à ceux des alentours de la frontière Strasbourg-Kehl - de pouvoir connaître l'Eurodistrict et d'évaluer leurs besoins dans le cadre de cette coopération renforcée. Par ailleurs, en rassemblant des élus, des fonctionnaires et des acteurs économiques, nous pouvions choisir des thèmes très ciblés. Par exemple, lors du lancement de l’école qui est prévu le 5 mai 2011, les sujets très précis de la multimodalité et des transports seront abordés avec des experts prêts à discuter pour apporter des réponses concrètes. Les séminaires vont d’ailleurs soulever un certain nombre de questions : la démarche du vélhop qui existe à Strasbourg, peut-elle exister à Offenburg ? Celle de l’auto-partage, peut-elle exister ailleurs aujourd’hui ? Réciproquement, il y a peut-être des expériences dans l'Ortenaukreis que nous ne connaissons pas. Bien d’autres sujets très précis, qui exigent des réponses très concrètes et urgentes, feront l’objet de discussions avec les partenaires. La question des transports trouvera probablement une réponse, mais la mise en œuvre concrète nécessitera un délai plus long. Par exemple, l’extension du tramway est prévue jusqu'à Kehl. Le débat porte sur la prolongation sur le territoire allemand.
Quelles sont les attentes par rapport à cette école, quelle est son objectif ?
Tout d’abord, il faut intégrer la démarche du Conseil de l'Europe au sein de l'Eurodistrict. C'est une institution qui a son siège à Strasbourg mais aussi dans l'Eurodistrict. Deuxièmement, il faut que cette école fasse connaître l'Eurodistrict à tous les acteurs et tous les habitants de ce territoire, pas uniquement ceux des grandes villes comme Offenburg, Kehl, Obekirsch ou Strasbourg. Troisièmement, la mise en réseau avec les 16 autres écoles doit pouvoir faire connaître l'expertise de notre territoire, apparemment très attendue des seize autres écoles existantes, mais aussi nos carences, nos tâtonnements, nos échecs au-delà des frontière de l'Eurodistrict.
Comment voyez-vous l’intégration de cette école dans le réseau des écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe ?
L'école de l'Eurodistrict va porter sur certaines thématiques très précises : la multimodalité, la santé, l'environnement dans une démarche de participation citoyenne. La démocratie locale et l’intégration de la voix du citoyen dans l’élaboration de la politique municipale est une des priorités de notre mandat à Strasbourg mais aussi celle des autres grandes villes de l'Ortenaukreis et au-delà. Nous avons effectivement un certain savoir-faire, une certaine expertise qui n'est pas apparue du jour au lendemain, puique depuis 2008, des outils de démocratie locale comme des conseils de quartier, des conseils de résidents étrangers ou encore des ateliers de projets ont été mis en place. Aujourd'hui nous sommes à mi mandat, dans une période de bilan. Il y a même des renouvellements des conseils de quartier qui sont prévus, ce qui nous permettra d’évaluer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous bénéficions d’une certaine expertise même si tout n'est pas parfait. Donc au même titre que les bonnes pratiques, les erreurs, les carences peuvent être un moyen de parler de Strasbourg avec les autres et d’aborder avec elles la manière dont nous envisageons notre action. Je pense qu’il y a toujours des bénéfices à échanger avec les autres pays qui pratiquent la démocratie locale et à témoigner de ce qui s’est révélé être un succès à Strasbourg.