Propos recueillis par Yulia Kochneva
Strasbourg, 5 mars 2013
Le 8 janvier 2013 une nouvelle Ecole d’études politiques a été inaugurée en Tunisie. Soutenue par le Conseil de l’Europe, la Commission européenne et la Norvège, elle est la première Ecole créée en dehors du continent européen. Son Directeur, Ahmed Driss, répond aux questions de l’Association européenne des écoles d’études politiques.
Quelle est l’origine de l’Ecole politique de Tunis ?
Cette idée m'est venue à l'esprit bien avant la révolution en Tunisie, mais elle demeurait irréalisable sans un environnement de liberté. Ceci est devenu possible avec la chute de l'ancien régime. Cet évènement a accéléré le besoin d'une nouvelle génération de politiciens et a rendu nécessaire la création d’une Ecole d’études politiques.
Comment se sont établis les premiers liens avec le Conseil de l’Europe ?
A l'occasion d'une visite de la Secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe immédiatement après la révolution, j'ai évoqué avec elle mon projet. Quelques mois après, suite aux échanges informels avec l'Ecole d’études politiques de Bulgarie et des contacts avec les représentants du Conseil de l’Europe, notre organisation (Centre des Etudes Méditerranéennes et Internationales – CEMI) a remporté l'appel à l'établissement d'une Ecole du Conseil de l’Europe à Tunis.
Comment le projet a-t-il été accueilli par les différents acteurs politiques du pays ? Avez-vous rencontré des obstacles à la création de l’Ecole ?
Le projet a été accueilli avec enthousiasme par tous les acteurs politiques et de la société civile tunisiens. Nous n'avons rencontré aucun obstacle.
Selon vous, quel est le plus grand défi actuel qui se pose en Tunisie ? Quelle peut être la contribution de l’Ecole pour aider à le surmonter ?
Le plus grand défi aujourd'hui est l'absence de culture démocratique partagée par l’ensemble des acteurs politiques. La contribution de l'Ecole sera, entre autres, de palier ce déficit.
Quelles sont les attentes de votre Ecole vis-à-vis du Conseil de l’Europe ?
Le label Conseil de l'Europe est un soutien institutionnel fort pour l'Ecole. Il lui permettra de mieux remplir ses missions et lui donnera accès à un réseau d’experts qualifiés pour l’organisation de formations que nous entendons de mettre en place.
Avez-vous déjà pu développer des relations avec d’autres Ecoles d’études politiques ? En quoi la dimension de réseau est-elle importante selon vous ?
Le réseau des Ecoles nous permettra un apprentissage de bonnes pratiques et nous ouvrira à d’autres horizons grâce aux échanges d'expériences. Notre partenariat avec l'Ecole d’études politiques bulgare nous a amené à assimiler très vite les méthodes de formation, découvrir le travail en groupe, développer la mise en place de manuel de formation et à nous familiariser avec les méthodes d'évaluation.
Comment envisagez-vous le futur développement de l’Ecole politique en Tunisie ?
L'Ecole politique de Tunis est en train de devenir un passage essentiel pour les futurs politiciens et acteurs de la société civile. Son développement en fera un important centre de formation, d’études et de soutien à la démocratie.
Si le réseau des Ecoles d’études politiques devait se développer davantage, ce serait vers quels pays ?
L'Afrique du nord, qui constitue le voisinage méridional direct de l'Europe, vit une période de mutation intense. Son besoin en ce genre de projets est pressant.