Association des Écoles d’Études Politiques du Conseil de l’Europe

Retour à l’accueil
 

(Original anglais - Seul le texte prononcé fait foi)

Université d'été de la démocratie

Discours d’ouverture de Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe

Ecoles d’Etudes Politiques
Strasbourg, 10-14 juillet 2006

La démocratie est une création humaine. Elle est une forme de gouvernement moderne et juste. Elle ne suit pas les lois de la nature. Il n’y a rien de prédestiné ni d’automatique dans la démocratie. Elle n’est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat de nos efforts.

La démocratie est bien plus qu’un code électoral : elle est un code de conduite, un mode de pensée, un état d’esprit. Le fonctionnement de la démocratie requiert des lois, mais les lois sont là pour l’aider, non pour la nourrir.

Qui dit démocratie dit participation, direction, responsabilité. Et partant, connaissances, compétences et informations.

Et c’est là la raison d’être des Ecoles d’études politiques. Depuis la création de la première, en 1992, à Moscou, les écoles forment des responsables qui osent penser, savoir, s’exprimer et agir dans l’intérêt de la démocratie, des droits de l'homme et de l’Etat de droit.

Je viens de mentionner l’Ecole d’études politiques de Moscou et je tiens à rendre hommage à Lena Nemirovskaia, sa fondatrice qui a eu le courage - et l’énergie- nécessaires pour lancer cette aventure et qui continue de motiver toutes les parties prenantes au développement du réseau. Et je suis heureux également de saluer les participants venus de Sofia, Tbilissi, Belgrade, Pristina, Chişinău, Bucarest et Kiev. Je souhaite en outre la bienvenue aux aadélégations de Sarajevo, Bakou et Minsk qui sont avec nous pour partager cette expérience originale et rechercher des moyens de lancer des projets analogues dans leur pays.

La première réunion plénière va examiner les nouveaux défis pour la démocratie en Europe aujourd’hui.

A cet égard, les tâches auxquelles s’atteler sont nombreuses, mais la plus urgente sera peut-être d’encourager les citoyens à prendre part au processus politique et de les motiver à cet effet. Dans beaucoup d’Etats membres, une bonne partie de l’électorat a tout bonnement cessé de s’intéresser à la question. C’est dangereux parce que la démocratie ne peut pas fonctionner sans électeurs.

Parallèlement, de plus en plus de déçus des courants traditionnels vont se tourner vers les politiques marginaux, populistes, nationalistes et souvent extrémistes qui leur apporteront des réponses en exploitant sans vergogne leurs frustrations, leurs peurs et leurs préjugés. Dans la plupart des cas, ces individus tentent d’obtenir un gain politique en opposant les détresses des uns et des autres, sans considération des conséquences de leur discours et sans se soucier aucunement de rechercher de vraies solutions. Une évolution, à l’évidence, dangereuse également.

Il y a de multiples raisons à cette situation, elles ne sont pas simples et nous devons résister à la tentation de rechercher des solutions simplistes. Si les gens perdent confiance dans les institutions politiques, nous devons nous demander pourquoi. Si les gens se plaignent, nous ne pouvons nous borner à leur dire qu’ils ont tort, ou qu’ils posent les mauvaises questions. Il n’y a pas de mauvaises questions, il n’y a que de mauvaises réponses. Si nous ne donnons pas les bonnes réponses, les populistes et les extrémistes donneront les mauvaises.

Si nous voulons que nos démocraties fonctionnent, il nous faut des hommes et des femmes dont la personnalité et l’état d’esprit, dont les attitudes les uns envers les autres, envers la société dans son ensemble et envers la connaissance et l’acquisition de connaissances font qu’ils agissent démocratiquement.

La démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l'homme ne peuvent être examinés isolément. La démocratie est un processus, elle n’est pas un fait ponctuel, elle est bien plus qu’une élection tous les quatre ou cinq ans ou plus. La participation est la clé du développement de la démocratie et de la bonne gouvernance, mais elle est plus que la participation électorale. Et elle doit s’appliquer pareillement à toutes les catégories sociales. L’exclusion sociale est en soi une menace pour la démocratie. Mais elle est aussi condamnable. Elle est l’antithèse de la démocratie. Et la question va bien au-delà de l’exclusion fondée sur sur la religion ou l’origine ethnique.

L’égalité des sexes est également de la plus haute importance. Il y a un mois, la Finlande célébrait le centenaire du droit de vote des femmes. Elle fut le premier pays d’Europe et le troisième du monde, après la Nouvelle-Zélande et l’Australie, à accorder le droit de vote aux femmes. Un siècle plus tard, les femmes votent et sont élues dans toute l’Europe, mais elles restent nettement sous- représentées dans les fonctions politiques et décisonnelles et continuent de se heurter à des difficultés pour prendre part au processus politique.

Selon de récentes données recueillies par le Conseil de l'Europe sur la participation des femmes, le pourcentage moyen est de 21 % dans les parlements nationaux, et de 20 %, dans les gouvernements nationaux. Ce qui est bien en-deçà de l’objectif du Conseil de l'Europe, fixé en 2003 par le Comité des Ministres à 40 %, qui soit dit en passant ne fait guère mieux, puisqu’il ne compte que 10 femmes sur ses 46 ministres des Affaires étrangères, soit 22 %.

Le statu quo est un déséquilibre patent, préjudiciable au développement politique, économique et social. Je constate également qu’un tiers seulement de l’assistance d’aujourd’hui sont des femmes. Peut-être conviendrait-il d’examiner la question au courant de la semaine ?

On compare souvent la démocratie à l’oxygène, car les gens n’y prêtent guère attention avant d’en être privés. Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai. Les gens s’y intéressent, mais ce qu’ils veulent, c’est la vraie démocratie, une démocratie qui soit juste, inclusive, légitime et fonctionnelle. L’essentiel, c’est que les les gens veulent la démocratie, mais ils n’ont pas toujours confiance dans ses institutions. Notre tâche – et la vôtre- est de trouver les moyens de rétablir cette confiance.

 
 
Rejoignez nous sur facebook !
Rejoignez nous sur twitter !